Clins d’œil de mon jardin

Devant mon bureau et sous mes yeux quand je reçois en consultation, un petit jardin de « curé » ? plutôt de « thérapeute » … de thérapeute qui cherche des ressources dans le monde des plantes. Ce que j’ai sous les yeux, un hasard ? Ces fleurs ont souvent traversé la route, apportées par une voisine bienveillante qui se régénère dans ce contact avec la nature.

Etonnamment, la plupart des fleurs qui ont émigré chez moi en dehors de toute présélection, sont celles qui servent à fabriquer des élixirs floraux … j’y vois une mémoire vivante, un petit signe de la vie qui m’apporte du soutien lorsque je ne trouve pas l’élixir dont la personne a besoin.

Il me suffit de diriger mon regard vers l’extérieur … elles sont là au nombre de 15 dans ce petit espace de 100 m2.

Celles du deuil, du chagrin, de la tristesse, de la peur de l’inconnu, qui apportent du réconfort … la bourrache qui peine à redresser la tête tant le poids de la tristesse est lourd et qui apporte cette étoile bleue pleine d’espoir … Le myosotis qui m’inonde d’une année sur l’autre, je ne peux l’oublier, il est omniprésent mais léger, le lien est là même s’il n’est pas facile à établir, que ce soit avec l’enfant que la mère ne connaît pas encore ou avec les proches qui ont quitté ce monde. Chose étonnante, dès la fanaison, il se laisse déraciner facilement, mais les graines se sont déjà envolées au vent, et les plantules réapparaissent très vite. On ne peut l’oublier…

L’angélique – cette année elle a servi d’ombrelle protectrice à toutes ses voisines – elle se trouve chez moi sur un lieu de « passage », elle m’a été apportée il y a 2 ans par une cliente à qui je vantais l’intérêt d’avoir la protection d’une angélique dans son jardin. Je venais de déménager, je débarquais dans un quartier totalement inconnu, le soir même de cette consultation, le pot était devant ma porte ! Ceux qui accompagnent le départ d’un proche me disent souvent le réconfort que l’élixir d’angélique leur a apporté à tous…

Quant au rhododendron, il attire mon attention quand je cherche le remède de ceux qui toussent, que « bronchent-ils ? », quelles sont ces émotions qui sont enfermées dans la zone thoracique et qui colmatent les alvéoles pulmonaires ? Mémoire ??? Au moment où j’écris ces lignes, je suis prise d’une toux incoercible !!!

Et puis, il y les fleurs de la jeunesse … le millepertuis qui apaise si souvent les cauchemars de l’enfant … le muguet avec ses clochettes d’un blanc si pur qui se penchent vers le bas, et sa croissance regroupée, pour ces enfants qui auraient justement envie de sortir du groupe, de se distinguer, qui trouvent souvent que le moule est trop petit pour toutes leurs aspirations, fleur de passage aussi vers une adolescence plus individualisée… Dans cet esprit, je pense aussi au buis, quand je l’ai acheté, il avait une forme bien ronde, il me plaît de le laisser aller librement dans l’espace en pensant encore à ces jeunes (ou moins jeunes) qui se laissent contraindre et n’arrivent pas à faire leur trace… Devenus aspirants aux études, qui pourrait le mieux leur apporter l’esprit de synthèse que la pâquerette ?… qui pourrait le mieux les enraciner que la clématite, là où ils ont souvent envie de s’évader dans leurs rêves, étrangers à l’enseignement qui leur est prodigué ? … qui pourrait le mieux les ramener dans l’espace du cœur et des émotions que la capucine quand l’intellect prend le dessus et que seules comptent les études et les recherches ? … je donnerais bien aussi de la menthe poivrée à ces enfants qui arrivent à l’école, l’estomac alourdi par un petit déjeuner indigeste et qui n’arrivent pas à se concentrer.

La menthe poivrée m’offre une transition vers l’âge adulte, et je pense à ces retraités dont la vie s’étire entre la table et la télévision. Qu’ils se « shootent » avec cet élixir pour apporter un peu de dynamisme dans leur vie ! … bien sûr, il y a aussi l’inverse, les hyperactifs auxquels le pissenlit permettrait de se poser et prendre le temps de savourer tout ce qu’ils entreprennent, réalisant que la qualité d’ « être » est plus importante que la quantité de « faire ». En plus, ils y gagneront en souplesse dans leur corps ! … Oui, ce corps qui demande à être réveillé quand la vieillerie l’assoupit, aurait bien besoin de romarin. Je viens d’en donner aussi à mon voisin, Alexandre, qui s’est fracassé en chutant d’un toit, il est en rééducation, pour retrouver sa mobilité …

Quant à moi, à trop parler, à trop « conférencer », ma petite voix me conseille souvent la chélidoine pour mettre mes cordes vocales au repos, et surtout pour écouter et trouver les mots justes pour informer.

Dominique DETOURNAY

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