C’est une belle matinée du mois de mai qui s’annonce, le soleil est déjà haut dans le ciel éclatant de lumière, et je me promène au milieu de la forêt. Tout à coup, devant moi sur le bord du chemin, de petites fleurs discrètes d’un bleu céruléen, au cœur tantôt jaune, tantôt bleu et aux feuilles en forme de lance : un pied de Myosotis !
J’ai toujours aimé cette fleur, et j’aime cet élixir floral qui nous aide à retrouver notre innocence et notre candeur d’enfant quand nous devenons bien trop sérieux. Il nous relie aussi aux personnes disparues, aux êtres chers qui sont partis pour le grand voyage.
Cette fleur est un pont entre nous et le ciel.
D‘ailleurs une légende ne dit-elle pas que quand un être meurt, une étoile naît dans le ciel, et que c’est pour cette raison que le cœur du Myosotis ressemble à une petite étoile…
Une autre légende raconte encore que deux jeunes amoureux se promenaient sur un sentier abrupt, au bord d’un torrent, la main dans la main. Le jeune homme aperçut des fleurs de Myosotis, dont la couleur lui rappelait les yeux de sa tendre amie. Pour en cueillir un bouquet et le lui offrir en gage d’amour, il lâcha la main de la jeune-fille, se pencha au-dessus du précipice, et, glissant soudain, n’eut que le temps de lancer les fleurs à sa belle et de crier « Forget me not ! *»*Ne m’oublie pas, avant de disparaître dans les flots tumultueux.
« Ne m’oublie pas » est le nom populaire que porte aujourd’hui encore la plante en anglais, en allemand, et même en français et dans différentes langues !
Alors, par cette journée si lumineuse, la rencontre est trop belle : je sors de mon sac mon petit carnet noir, mon matériel, je m’installe confortablement sur l’herbe et je dessine le Myosotis qui s’offre à moi. Je termine mon dessin en souriant, pour remercier la Nature de ce cadeau, et je range mes affaires, bien attentive à ne surtout rien oublier…le gobelet, la petite gourde, les pinceaux, les crayons, … oui, tout y est !
Et je reprends ma balade, légère comme une plume, le cœur rempli de joie.
Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, je repasse par l’endroit où je m’étais arrêtée le matin même pour croquer le Myosotis. Soudain, mon regard est attiré par quelque chose, quelque chose de noir devant moi sur le côté… Mon petit carnet ! … Celui que je croyais avoir si bien rangé dans mon sac !…
Alors, du plus profond de moi, j’entends une petite voix enfantine, joyeuse et facétieuse, qui me dit … « Forget me not ! ».
Sur ce chemin, au milieu de cette forêt, par cette journée si radieuse du mois de mai,
je me mets à rire, à rire… comme une enfant !
Marysia BIENVENU – Mai 2019